Et si on jouait à « C’est moche ou c’est pas moche » ?
Certes, le maire a fermé les yeux et les oreilles bien fort pour ne pas entendre les commentaires des Caennais sur l’implantation de ces statues. Dommage de perdre si facilement des points, car l‘inauguration de la nouvelle place l’an dernier en avait ravi plus d’un !
Mais ça c’était avant de laisser la belle de St Sauveur se mourir dans le vide (souvenez-vous, le marché ne s’y tient même pas) et avant de décider d’y exposer l’œuvre nommée « La Caravane » à 204 000 €, supportée aux deux tiers par la Ville.
Passe moi le rouleau d’alu, et je te fais de l’art conceptuel.
Pourquoi je n’aime pas ?
- Premièrement, on a fait appel à un artiste néerlandais – Joep Van Lieshout – et pas Caennais.
- Deuxièmement, l’œuvre est réalisée en aluminium.
- Troisièmement, je trouve le résultat trop en décalage avec l’architecture de la place, et avec la statue du Roi Soleil. Selon moi, ça gâche tout le charme de la place.
Pour parler aux filles, ça me fait le même effet qu’une belle paire de Louboutins open-toe portées par une femme souffrant d’une mycose des ongles de pieds : Un fashionfaux-pas qui provoque à la fois stupeur et effroi. Bref, refermons la parenthèse girly, là n’est pas le sujet.
Pourquoi faire appel à un artiste résident si loin alors que Caen possède une Ecole Supérieure d’arts et médias (ESAM) ?
Peut-être que ce que j’expose est totalement irréalisable, mais j’aurais aimé que la ville propose le défi à cette École.
Avec un budget moins important, il aurait été agréable d’organiser chaque année un nouveau concours. A l’issue de celui-ci, l’artiste gagnant aurait vu son œuvre exposée pendant une année sur la place. Cela aurait permis aux Caennais d’en faire un rendez-vous, de dynamiser la place en la renouvelant à l’issue de chaque concours, et enfin, à l’étudiant gagnant comme à l’ESAM de faire connaître leur travail et de disposer d’une visibilité et d’une reconnaissance sur le plan communal et plus encore. Sans oublier que comme dans toute Ecole, un challenge de cette envergure est toujours formateur pour tous les étudiants participant.
Même si le résultat aurait pu tout autant déplaire aux caennais – on ne peut pas plaire à tout le monde, est un adage qui s’applique encore plus à l’art- le résultat aurait participé au développement de l’image de la ville.
De plus, pourquoi l’aluminium ? Caen dispose de carrières de pierre, pourquoi ne pas avoir demandé dans le cahier des charges, à l’utiliser ? Ainsi, la sculpture aurait résonné avec la place, avec la ville, et avec notre architecture ? Je sais que ces carrières sont aujourd’hui fermées, mais cela ne valait-il pas la peine de les rouvrir pour une fois, pour l’art, pour l’histoire et pour que les caennais, eux-mêmes, y trouvent une résonance avec le passé de leur ville et leur patrimoine ?
Bref, je ne suis pas convaincue par cette œuvre. Je ne la comprends pas. Peut-être que si elle nous était expliquée, si j’avais vu quelles étaient les caractéristiques à respecter, j’aurais compris l’idée. L’Art est censé nous provoquer, nous faire sortir de notre zone de confort, nous questionner.
Sur ce point, les statues de la place ont réussi leur pari.
Provoquer des réactions fortes fonctionne dans un musée, par exemple. Mais de là à sortir son chéquier pour emporter la réalisation et l’installer chez soi, il faut quand même apprécier au minimum le résultat. Lui trouver une certaine esthétique. Non ?
Bien entendu, tout cela ne reflète que mon opinion.
Et pour vous, c’est moche ou c’est pas moche ?