Exposition Temps de Jeu chez Lapage à Caen

Le weekend dernier a été assez chargé.
La veille de notre weekend au Mont St Michel, l’homme a assisté au vernissage de l’exposition  réalisée sur une équipe de footballeurs amateurs assez particulière: Une équipe qui joue au football pro comme on joue aux cowboys et aux indiens.

Avant de voir ce projet se créer sous mes yeux, et d’y participer un peu, dans l’ombre, je ne connaissais rien au football.
Dans ma famille, on est plus sports nautiques. Le foot, comme de nombreuses personnes, c’était pour moi un sport pour des types un peu écervelés, prétentieux, et dont la caractéristique commune portait sur une coupe de cheveux défiant les lois de la gravité.
Ou bien alors, des hommes un peu plus âgés, bedonnants, beuglant sur leurs adversaires en jogging en polyester, lorsqu’il n’étaient pas bêtement couchés dans leur canapé à regarder des émissions tout juste assez évoluées pour leur QI de mollusque.
J’avais des préjugés. Les mêmes clichés en tête que ceux que vous avez peut-être vous-même en lisant ce début d’article.

J’ai changé d’avis en côtoyant cette équipe de joyeux lurons.
Le Hastings Football Club, c’est d’abord un club qui veut faire tomber ces clichés.

Premièrement, en laissant de côté l’aspect compétitif malsain qu’entretiennent de nombreux clubs de footballs, amateurs comme professionnels. Mais aussi en montant des actions solidaires, comme:

• l’échange de livres. Vous pouvez échanger un de vos livre contre un nouveau les jours de matches.
• les matches au profit d’associations caritatives ou civiques. Comme celui s’étant déroulé pour l’association  Sarah rayonne, qui vient en soutien à une petite fille gravement malade

 

Le Hastings Football Club, c’est aussi un club un peu déjanté, dont on peut suivre les aventures sur le blog éponyme.
Qu’importe que les joueurs aient un niveau exceptionnel ou qu’ils n’aient jamais vu une cage de but de leur vie, tant qu’ils s’amusent et jouent ensemble.
Ainsi, et sûrement pour la première fois de l’histoire du club amateur, les effectifs sont composés de joueurs ayant quitté des clubs très bien positionnés et pratiquement pro, et de joueurs n’ayant jamais joué à ce jeu. Bien sur, pour l’ex-rugbyman et l’ex-handballeur de l’équipe, les choses n’ont pas toujours été très simple. Il a fallu qu’ils apprennent à éviter d’envoyer des ballons sur le toit de la buvette, qu’ils évitent de déboîter les clavicules des joueurs adversaires accidentellement, et qu’ils apprennent à jouer sans les mains. Mais tout cela s’est passé dans la bonne humeur.

Après un an d’existence, le Hastings a été repéré par le groupe Tatane, réputé dans le milieu du football pour essayer de communiquer une autre image de ce jeu. Ils ont immédiatement été séduits par le projet et ont donné aux dirigeants du club l’impulsion nécessaire à la mise en place d’une opération de crowdfunding qui fut un succès.
Le club a ainsi pu s’équiper d’une caméra vidéo, et surtout, a pu financé un emploi en contrat aidé.

L’exposition Temps de Jeu

L’expo se déroule chez Lapage Workshop, dont je vous ai déjà parlé.
L’auteur à l’origine de l’expo est étudiant en 5ème année à l’Ecole Supérieure des Arts et Médias de Caen/Cherbourg
Quand il a découvert le projet du Hastings Football Club, il a trouvé l’idée intéressante. Autour d’un café, il a proposé au club de réaliser un documentaire sur celui-ci, sur leur état d’esprit, sur leurs matches. Un peu dans la veine de » Les yeux dans les bleus ».
Petit à petit, il s’est laissé happé par ces types un peu fous, qui jouent au football comme on joue aux cowboys et aux indiens. Ce groupe de joueurs décalés qui sont capables de perdre des matches 5-0 avec le sourire, d’entrer sur le terrain en saluant un public invisible, juste parce que ça les fait rire de s’imaginer 10 minutes qu’ils sont tous des ballons d’or.

Ce qui devait au départ être un projet de fin d’études s’est transformé en un projet plurimedia: vidéo, photo et volume.
On murmure même que l’auteur pourrait un jour rejoindre les vestiaires de l’autre côté de la caméra. D’un artiste à un footballeur, il n’y a parfois qu’un corner.

@FCHastings @LapageWorkshop @CharlieWaldo #tempsdejeu #expo #caen #Normandie #foot #football #lapage #lapageworkshop #vernissage

Une vidéo publiée par lebeautemps (@lebeautemps) le Déc. 12, 2014 at 11:32 PST

Un club de grands enfants jouant « au football pro » comme on joue aux cowboys et aux indiens.

L’esprit d’équipe est la donnée essentielle d’un jeu comme le football. Mais de nombreux clubs, même amateurs, ont perdu de vue cet esprit, au profit de la gagne à tout prix.
Certains font jouer uniquement les joueurs les plus féroces, les plus bons techniquement, les plus égocentriques, parce qu’ils « marquent des but ».
Certains ne donnent l’opportunité de parler qu’aux Ronaldo, comme si, parce qu’ils avaient de bons pieds, ceux-ci étaient plus fins stratèges que les autres.
Une corrélation aussi logique que de décerner le meilleur prix du beurrage de tartine à un boulanger sous prétexte que le pain, lui, il connait.

Un fanfaron dans une équipe, c’est bien assez. Quand les 11 titulaires sont plus attachés à garder le ballon pour eux-même et à se montrer qu’à essayer de jouer ensemble, le résultat est forcément décevant.
Pendant ce temps, d’autres, qui ont parfois dû se restreindre pour payer leur licence parce qu’ils sont au chômages, parce qu’ils ont des enfants, parce qu’ils ont un crédit à rembourser, ces types, eux, vont rester assis sur le banc, et ne joueront aucun match. Parce qu’ils « perdent les ballons ».

Faire des choix de dirigeants de club sportif, c’est comme prendre des décisions de manager.
Certains ne vont garder que les meilleurs. D’autres vont peut-être prendre des personnes un peu moins talentueuses, mais capables intellectuellement de comprendre que pour un maximum de cohérence, il faut un minimum de cohésion.
Les premiers ont depuis bien longtemps oublié que l’objectif du football, ce n’est pas de gagner. C’est de jouer ensemble. C’est de partager un moment. C’est d’être content de se lever le dimanche matin pour voir ses coéquipiers, c’est être ravi de rencontrer une équipe adverse, c’est être fier, une fois le jeu fini, d’avoir donné le maximum de ses capacités.

C’est parce qu’il ont été de trop nombreuses fois déçu de ces clubs de football que les dirigeants du Hatsings FC ont créé le leur.
Et voir que des gens comme l’auteur de cette expo peuvent trouver de l’esthétisme et de l’intérêt dans un projet à milles lieues de leur propre univers, signifie qu’ils ont, déjà, atteint leur but.
Pas celui qui se trouve sur le terrain, mais celui de promouvoir une autre idée du football.

Expo Temps de Jeu,
Du 12 au 19 Décembre 2014,
Chez Lapage Workshop,
76 rue du Vaugueux,
14 000 Caen